Au fil de mes expositions.
Lou HénixExpositions
Les Chthoniens
par Michel LAGRANGEAgrégé des lettres classiques – Chevalier des Palmes Académiques – Officier des Arts et Lettres – Chevalier de l’Ordre National du Mérite« Chthoniens » est un poème né de la contemplation des sculptures de Lou Hénix. Ce sont des puissances d’outre-nuit, barbares, presque infernales, guerrières, liées à la terre et à ses profondeurs (chthoniennes). Des puissances barbares, païennes, on dirait revenues du pays des morts. Inquiétantes, envoûtantes, fascinantes, plénières.
C'est pieds nus qu'on invoque
En vibrations terriennes
Les divinités de la nuit des temps
C'est à mains nues
Que l'on obtient l'apparition d'empreintes
Où la vérité prend son corps
Thurizaz Algiz Berkana
Ces noms de crépuscule avant le jour
Portés par les courants runiques
Ce sont les primitifs d'une tension
A fleur de peau rugueuse
Regards orientés sans faillir
Vers l'au-delà des temps
Où tout n'est que ferveurs et tremblements primaires
Richesse et force d'un soleil obscur
Chevauchées possessives
A la porte d'un paradis
Brutal et vierge encore
Aurochs au féminin corps-animaux
Communion de la terre et d'un ciel occupé
Par des forces guerrières
Ce sont des hommes d'avant l'homme
Des femmes amazones
Dont le regard me fait baisser les yeux
Parce que je suis trop civilisé
Pour me mettre à hauteur des nudités originelles
Chamans aux yeux fermés
Ouverts sur l'au-delà
Vous êtes le centre du monde
Chthoniens vous avez par mers et par nuits
Traversé la mythologie du Nord
Et mis bas des constellations
Que le vent désagrège et que vous ramassez
Et vous vous défendez à corps perdu
Contre le lieu commun des jours
Vous deviendrez les familiers de nos nuits blanches
Les fulgurants dont les mains sont
Crispées sur des peurs surmontables
Et sur nos petitesses
Avec ardeur vous qui venez de plus loin que le temps
De plus bas que l'espace
Appartenez à cet ancien Sacré
Auquel je suis bien obligé de croire
Vous certifiez que le Sacré
C'est cette part d'éternité
Que chaque humain porte en lui-même
Et qu'il oublie
C'est d'un passé fulgurant que vous jaillissez
En souvenir d'une profusion d'être
Avant que le monde aujourd'hui
Ne se désenchante et ne se profane
Et il est bon que vos corps mis à nu
Soulignent nos imperfections
Et corrigent nos platitudes
En insufflant de la beauté païenne
Enthousiasmante
Au cœur trop lent de nos passions frileuses